Perception des problèmes scientifiques

Je reçois d’un correspondant l’e-mail suivant.

« Bonjour Docteur,

Je lis vos articles avec beaucoup d’intérêt et je vous remercie pour le temps que vous consacrez à la tenue de votre blog.

Votre approche et vos points de vue me paraissent régulièrement comparables à ceux de Michel de Lorgeril.

Sauf erreur de ma part, il me semble pourtant que votre perception n’est pas la même quant au nombre de décès causés par la covid-19.

Dans cet article publié le 28/05/2021 sur son blog : “Mortalité et causes de décès par temps de COVID-19”, il conclut sur la base des chiffres de décès US 2020 que “la covid-19 a beaucoup tué en 2020”.

Considéreriez-vous que les chiffres sur lesquels il se base soit ne sont pas fiables/crédibles soit ne permettent pas une telle conclusion ?

Merci si vous aviez la possibilité d’évoquer ce point dans un prochain article. »

Ma réponse.

Je ne sais si c’est un compliment d’avoir « des points de vue comparables » à ceux de Michel de Lorgeril (MdL) – et « régulièrement » en plus –, mais qu’il soit clair que je ne vais jamais consulter ses articles. Pareille abstention ne tient pas à une querelle de personnes, mais à des problèmes épistémologiques de fond (dont j’ai l’impression d’avoir beaucoup parlé depuis la création de mon site), à savoir :

  • MdL écrit énormément et sur beaucoup de choses, sans justifier sa multicompétence : or, l’expertise requiert une justification de compétence. Il suffit d’aller sur les antennes telles que Le Parisien, France Soir, Le Monde avec ses impayables « Décodeurs »,… pour voir ce que donne l’expertise sans compétence (« Durant nos trente ans de mariage, j’ai eu une sexualité épanouie mais conventionnelle (…) C’est une fois célibataire, bien après ma ménopause, que j’ai vraiment exploré ma sexualité et acheté mes premiers sextoys» [20 Minutes, 04/11/2021].1;
  • Comme par hasard, MdL donne la parole à de nombreux intervenants sans justifier leur compétence : or, dans un monde où l’on ne peut pas tout savoir, le choix des sachants (les gens que l’on consulte sur un sujet qu’on ne connaît pas) est une responsabilité éminente. Vous seriez outré si votre généraliste vous envoyait consulter un proctologue pour une pneumonie.
  • Justification ou pas, c’est une question d’élémentaire observation de qualifier la performance des gens auxquels on donne la parole : on ne met pas en scène un gymnaste pour un match de boxe. Or MdL se complaît à faire parler des gens dont le moindre propos est à hurler de rire.

On est passé de l’épistémologie à l’éthique. Est-ce un hasard ?

Précisément, à propos de la « PANdémie » où, à partir de rien, on fait un foin inimaginable, il ne faut pas s’étonner que MdL et ses amis soient au premier rang, tant il est vrai que cette blague monopolise les conversations et l’énergie des gens qui n’ont rien de plus sérieux pour occuper leur cerveau. Abstraction faite de ceux qui se complaisent dans la fausse rumeur, pour ce qui me concerne (et je me réfère à mes écrits aussi constants qu’assumés), je n’ai aucun « point de vue comparable » à celui de ceux qui disent n’importe quoi.

Moralité : quand on prétend faire de la science, il faut rester entre gens sérieux. C’est le moyen le plus sûr pour avoir des données « fiables/crédibles ».

  1. On a beau être « épanouie » avec un partenaire en chair et en os, rien ne vaut les sextoys… Il y a plus d’un siècle, Octave Mirbeau faisait bien rire avec l’histoire de cette bourgeoise obligée de déballer son petit matériel intime. Mais c’était avant que les féministes n’expliquent que la sexualité, c’est juste un rapport de domination