11 novembre à Évreux

11 novembre à Évreux

Comme chaque année, j’étais hier à Évreux pour fleurir la tombe de mon oncle Roland Simion (le dernier fusillé de la ville, à l’âge de 20 ans). Comme chaque année, il y avait un tas d’officiels, avec drapeaux et décorations, tous masqués mais devisant sans inhibition manifeste dans l’attente de la fanfare (dont on peine à imaginer qu’elle ait pu s’exécuter sans que les musiciens enlèvent leur masque).

Mais ce qui ne relevait pas du spectacle annuel se situait à la cathédrale… Il s’agit d’une pièce d’architecture dont la construction (guerre de Cent ans oblige) s’est étalée de l’époque romane à la Renaissance, et qui offre donc un panorama archéologiquement intéressant (avec notamment une immense nef gothique [22 mètres], une tour-lanterne [45 mètres] et de nombreux vitraux), malgré les outrages de la seconde guerre mondiale qui ont suscité de grands chantiers de restauration.

Ce qui était moins attendu, en effet, c’étaient les affiches qui tapissaient (je devrais dire : qui maculaient) l’édifice expliquant le plus sérieusement du monde qu’en raison de la PANdémie, l’accès était limité à… 398 personnes, pas une de plus (je me suis rappelé avoir entendu Roselyne Bachelot que ce genre de décompte, dont l’idiotie saute aux yeux, était « scientifique. »1

Je suis resté interdit. Ma mère m’a raconté la foule en liesse qui, avec force drapeaux, était venue à la sépulture de Roland et de son camarade fusillé avec lui : il y avait sûrement bien plus que 398 personnes…

Quelque chose de poignant m’a saisi au souvenir de ces héros parfois bien jeunes qui n’ont pas hésité une seconde à prendre le maquis pour résister. J’ai repensé à la modeste tombe de Roland, juste recouverte de terre dans le « Jardin du souvenir », fondation privée qui accueille les visiteurs par ces mots : « Ils sont morts pour que tu restes français ». Pas pour que tu fasses le con à force de jobardise, sous prétexte de covid.

Je me suis mis à pleurer…

  1. On note, sur ce sujet comme sur bien d’autres, la jobardise du clergé, pas vraiment conscient que les débordements sexuels qu’il semble le seul à n’avoir pas remarqués sont nettement moins hygiéniques que le covid : demandez à tous les gamins qui se sont fait sodomiser sous un prétexte ou sous un autre…