Lutte et mépris de classe

 

 

Lutte et mépris de classe

 

Quoiqu’il concerne ma région (l’Ouest) et une thématique qui m’intéresse (la lutte des classes), un petit livre m’avait échappé : « Les révoltes bretonnes de 1675 – Papier timbré et bonnets rouges », que j’ai emprunté à une bibliothèque du coin. En gros, il s’agit de relater les révoltes qui ont embrasé l’Ouest quand, avec sa mégalomanie notoire et son égoïsme monstrueux, Louis XIV a activé tous les mécanismes disponibles pour financer son train de vie (incluant sa recherche de vaine gloire par l’entretien ruineux d’armées).

Ce qui est frappant, c’est le mépris viscéral dont les privilégiés de l’époque (noblesse, clergé, magistrats) accablent ceux qui font marcher l’économie – ceux qui bossent : artisans, cultivateurs, et ceux qui ont du biceps (les portefaix). Mépris verbal : « leur rage et leur brutalité » (93), (« la canaille » 38, 43, 51, 86, 91) (« séditieux » 165 « populace » 41, les « criminels » (47,73) avec une prime pour la marquise de Sévigné dépourvue de la moindre conscience autocritique « Ils entendent médiocrement le français et guère mieux la raison » (91). Pour un peu, on dirait avec une feinte compassion qu’ils sont « analphabètes ». Mais ça n’empêche pas les bien-pensants de l’époque de promouvoir un renforcement de la répression : dès le premier contact avec les manifestants (« les mutins »), douze sont tués et une cinquantaine blessés (39)« On dit qu’il y a cinq ou six cents bonnets bleus en Basse Bretagne, qui auraient bon besoin d’être pendus pour leur apprendre à parler » (91), dixit encore la marquise. On croirait entendre les promoteurs de grenades de désencerclement dont l’irresponsabilité indigne même les forces de l’ordre.

On me pardonnera de me dispenser de l’exhaustivité dans les citations. Mais il y en a déjà suffisamment pour documenter le mépris de classe et  l’arrogance des médiocres.

Mépris de classe et arrogance des médiocres ? On se croirait en Macronie – vous savez chez le gars qui prétendait tout moderniser (sauf son épouse). On remarque en passant que les manifestations actuelles ont (février 2023) rassemblé des foules considérables dont le maintien a frappé les observateurs. Ces manifestations n’ont pour l’instant eu aucun impact sur les décideurs à la différence de ce qui s’était passé avec les gilets jaunes qui avaient ébranlé le pouvoir. Ce n’est pas un bon signe envoyé aux manifestants.