La rafle du Vel’ d’Hiv’

La rafle du Vel’ d’Hiv’

Ce qui est remarquable actuellement, c’est que la situation (un été catastrophique), au lieu d’engendrer une réflexion profonde sur les causes (le changement climatique) et les remèdes, assortie d’une authentique compassion pour ceux qui souffrent vraiment, exacerbe la recherche du record (le mardi AM où il fera le plus chaud à 18 h, la plus grande surface ravagée par les feux, le plus grand nombre de patients décédés ou hospitalisés…). Force est de reconnaître que Macron est vraiment l’homme de ce hitparade : aucune vue globale, juste des effets d’annonce (comme l’augmentation du SMIC de 20 € quand les grandes fortunes se multiplient et se renforcent, célébration du « plus jeune » président de la cinquième République, précarisation de plus en plus implacable, inexistence d’une opposition politique cohérente). Comme disait Luc Ferry en décembre 2018, « On a mis un gamin à L’Elysée et on va le payer très cher ». Mais loin de susciter une réactions salutaire, Macron formate son opposition au degré zéro de l’intelligence et de la réflexion. Personne ne s’esclaffe devant le roi nu. Voyez Mélenchon qui, tel une stripteaseuse de cabaret passée de date, se dandine sans s’apercevoir qu’elle répugne.

Regardons l’anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv (contemporaine du moment où s’écrivent ces lignes) – événement pourtant tristement éloquent en lui-même et qui ne devrait pas appeler une foultitude de commentaires originaux. Mais aujourd’hui, les commentateurs semblent ignorer les faits et loin de plier devant la nécessité du souvenir : chacun y va du sien pour évoquer ses fixettes anecdotiques sur « le genre » ou « ma mère m’a giflée pour me faire partir », sur les féminicides (c’est sûr qu’il y en a eu dans l’Allemagne nazie (notamment dans les camps de femmes), sur la guerre d’Algérie et, pourquoi pas, celle d’Indochine…

Il y avait naguère une mémoire historique d’événements (11 novembre, 1er ou 8 mai, 6 ou 18 juin…) autour desquels la mémoire personnelle se structurait à l’échelle d’un pays – exactement comme une mémoire familiale se structure autour d’événement tels que les naissances, les décès, les mariages… Leur rationalité était qu’on n’est pas seul au monde et qu’il faut prendre la mesure du réseau qui donne du sens à l’existence individuelle. Comme l’annonce d’emblée le cimetière où est enterré mon oncle : « ils sont morts pour que tu restes Français » – sans considération pour les Boucheron & Co pour lesquels la fierté de « rester Français » est une vérole – aussi contagieuse que le Covid1

Tant pis : je continuerai d’être fier de lui, d’avoir honte pour ceux qui ne comprennent pas ça, pour ceux qui honorent l’insignifiance de préférence à l’héroïsme.

  1. Ça veut dire que ce n’est pas au Collège de France qu’on trouvera des raisons pour être fier de ce gamin ou de ses semblables, morts par idéal (pardon pour le vilain mot).