Innovation, homéopathie et pornographie

Le Parisien (31/10/03) juge qu’une pétition de 236 000 personnes protestant contre le déremboursement de produits homéopathiques vaut pour un « plébiscite » des Français à l’égard de ces spécialités.

Il oublie que même dans une république bananière, on n’utilise pas de tels termes à moins de 99,9% des voix (au bas mot).

Tandis qu’au courroux durable et justifié de la Cour des comptes, tous les gouvernements qui se sont succédés ont considéré comme allant de soi que la Sécurité sociale doive payer pour « la recherche » présumée des laboratoires pharmaceutiques et pour les pseudo « innovations » qui en résultent, on nous explique symétriquement que même si les spécialités homéopathiques n’ont guère donné les preuves de leur efficacité, elles évitent des prescriptions plus coûteuses (celles des « innovations », par exemple…)

On va loin avec ce type de raisonnement : à quand le remboursement du whisky comme alternative aux anxiolytiques, ou celui des films pornos – mieux tolérés que Viagra®, quoique incontestablement efficaces ? Que dirait un assureur automobile sommé de rembourser une location de véhicule au motif qu’elle lui évite les frais d’un éventuel accident sur la voiture effectivement visée par son contrat ?

Ce que, gouvernants en tête, les Français « plébiscitent » le plus sûrement, c’est l’irresponsabilité : le refus de réfléchir tant soit peu sérieusement aux limites de la solidarité sociale.1

  1. Paru dans Le Moniteur des Pharmacies, 2003 ; n° 2510 : 47