Vous vous trompez, Madame.

Vous vous trompez, Madame

Lors d’une récente visite à Carcassonne, pris à partie par une commerçante qui lui reprochait « d’assassiner la France, les commerçants, les artisans » (Yahoo !, 11/08/21), le premier ministre lui rétorqué avec son habituelle suffisance empreinte de doute cartésien : « vous vous trompez, Madame ».

Il faut avouer qu’en matière de droit à l’erreur, on avait là un spécialiste. Depuis sa nomination à Matignon, voilà un type qui a gobé et fait gober toutes les erreurs de ses semblables : sur les risques de la situation sanitaire, sur le nombre de décès, sur le nombre et la fréquence des « vagues » épidémiques, sur la crédibilité de ses experts, sur la réalité de la situation économique consécutive à leurs erreurs – arrêtez-moi si j’en oublie…

Qu’importe ! À l’ère où les bacheliers ne se trompent jamais (puisque ils sont systématiquement reçus), où Marlène Schiappa sait qui a mal fait quand ça bastonne dans un couple, où les journalistes relaient n’importe quelle rumeur (croire que la vie de Bernard Tapie ait quoi que ce soit d’exemplaire), où il est impossible de programmer avec un minimum d’exactitude même un voyage banal, où les recommandations sur les doses de rappel varient d’un jour à l’autre quand elles devraient exiger un suivi sur le long terme, où, chaque jour, on s’étrangle de rire à écouter les nouvelles qui réclameraient au moins  quelques semaines pour faire l’objet d’une validation raisonnable, où l’Assurance maladie diffuse sur les cancers des messages et recommandations que pourrait réfuter n’importe quel étudiant de première année, qu’importe qu’un des premiers personnage de l’État dénonce sans rougir les imbéciles qui commettent des erreurs – qui « se trompent », en un mot ?