Il y a deux façons d’être spirituellement cohérent : se crisper dans l’erreur, ou bien prendre des positions assez justes pour n’avoir pas besoin de les renier (ce qui impose de savoir se taire avant d’être sûr), privilège assez rare chez les hommes de ma génération.
- En illustration de la première, j’ai récemment évoqué les fixettes d’Emmanuel Todd, parfaitement datables, sur « l’émancipation » des femmes et la promotion de l’homosexualité ; j’aurais tout aussi bien pu évoquer ces « experts » en vaccination qui ignorent le statut réglementaire des vaccins tout en promouvant les livres de Sylvie Simon ou autres anti-vaccinalistes aussi fiables.
- En illustration de la seconde, je tombe par hasard sur une lettre écrite en juin 1985 (cf. PJ) adressée au directeur de la revue Que choisir, où je justifie mon désabonnement. Une fois encore, il me semble que je pourrais l’avoir écrite hier.
Dans cette lettre de 1985 et selon la méthode à laquelle sont accoutumés mes lecteurs, je commence par évaluer la crédibilité de la revue à partir des sujets où je peux documenter une certaine compétence, en l’occurrence la thérapeutique. J’y montre que, part importante du succès remporté par la revue, les dossiers qu’y a consacrés Que choisir sont pitoyables. Mon allusion à l’ancien « Directeur régional » métamorphosé, avec l’âge, en sévère censeur de l’industrie pharmaceutique vise Henri Pradal, dont le livre assez nul (Guide des cent médicaments les plus courants) avait remporté un consternant succès, parfaitement représentatif de l’inculture qui prévaut dans notre pays sur les questions de recherche clinique.
Cela m’amène à la question des conflits d’intérêts, notamment aux alliances objectives entre courants de pensée qui se confortent sous le prétexte de se contester. Également visée, la bonne conscience « écologique » qui tient plus d’un conservatisme de privilégiés petit-bourgeois que d’une réflexion profonde sur les formes modernes de l’exploitation de l’homme par l’homme. On en arrive vite à la question politique visant les défauts de méthode sous une démagogie dénonciatrice : c’est toujours plus facile de dénoncer « la faute des autres » que d’apercevoir les siennes. Le « transfuge d’extrême-droite » visé dans mon dernier point n’est autre que Pierre Fournier, fondateur du journal La Gueule ouverte.
Récapitulative, ma conclusion s’interroge sur l’inspiration consumériste du mouvement « écologique » : pas sûr que Jadot, Rivasi et autres militants d’EELV (dont l’inénarrable Cohn-Bendit) aient une réponse satisfaisante…