Vaccination antigrippale : un second précédent inquiétant (1994-95)

Il est démontré dans cet article :

  1. que plus la Ministre de la santé cherche à se justifier quant aux autorisations (AMM) de complaisance qu’elle s’apprête à délivrer, plus elle s’enferre ;
  2. que les vaccins contre la grippe saisonnière se singularisent par leur neurotoxicité, et que les experts de l’administration en sont parfaitement informés ;
  3. qu’en matière de vaccination, l’administration sanitaire française n’a déjà pas eu peur de recommander des expérimentations sauvages, fût-ce “chez les enfants et les nourrissons”.

De plus en plus inquiétant, en effet…


Avec une insensibilité au ridicule qui finit par forcer le respect, le Ministre de la santé finit par affirmer : « Nous recevons les premiers vaccins de différents laboratoires, mais la question qui est posée c’est évidemment celle des autorisations de mise sur le marché. Il n’est pas question de commencer à vacciner sans que les procédures de sécurité soient complètement terminées (…) Les laboratoires nous disent (…) que les procédures pourraient nous permettre de commencer la vaccination fin octobre » 1 (c’est moi qui souligne). Les Français savent désormais à quoi s’en tenir : pour la première fois sans doute dans l’histoire de la pharmacie, ce sont les laboratoires qui fixent le calendrier de ces « procédures de sécurité » que l’on appelle AMM ! On croit rêver…

Que dirait-on d’un enseignant qui, avant même qu’ils n’aient passé l’examen, annoncerait à ses étudiants : “venez tous le 1er juillet pour chercher vos diplômes (avec mention…)” ? Mutatis mutandis, cela a pourtant été textuellement le discours du Ministère aux fabricants – au moins jusqu’à cette déclaration du 11/09/09. Désormais, ce sont les étudiants qui disent à leur professeur – et toujours avant l’examen : “le 1er juillet, vous viendrez nous apporter notre diplôme avec mention”2

Cette anarchie réglementaire est d’autant plus préoccupante qu’il existe des précédents effroyables avec d’autres vaccins (cf. 54).

  • En juin 1994, alertée par un nombre inhabituel d’accidents neurologiques, l’Agence du médicament lance une enquête de pharmacovigilance sur les vaccins contre l’hépatite B. Le 15/12/94, dès leur première présentation devant la Commission nationale de pharmacovigilance, les rapporteurs (alors parfaitement inconscients du scandale qui va bientôt éclater dans les médias) confirment que, de fait, les vaccins contre l’hépatite B “se singularisent” par “la survenue d’effets neurologiques graves”. Et ils ajoutent incidemment qu’au terme de leurs recherches bibliographiques, les vaccins en général n’apparaissent pas neurotoxiques, à deux exceptions près toutefois : celui contre la coqueluche, et celui… contre la grippe (!) 34
  • A ce moment (où rien n’avait encore filtré dans les médias), la réalité d’un risque neurologique lié à la vaccination contre l’hépatite B était donc admise comme allant de soi : en conséquence, il était encore possible de tout arrêter du plan lancé par M. Douste-Blazy seulement trois mois plus tôt (les modalités de la campagne scolaire en étant encore à la simple mise en place). Or, au lieu de recommander instamment cette décision de bon sens, les rapporteurs de l’enquête ne frémissent pas de conclure posément : “compte tenu de l’élargissement prochain de la vaccination (…), l’enquête sur les effets neurologiques des vaccins doit rester en ouverte » 5(c’est évidemment moi qui souligne). On est en pleine expérimentation humaine…
  • Mais les choses vont aller encore plus loin. Moins d’un an plus tard, le 12/10/95, les mêmes se retrouvent dans les mêmes circonstances pour faire le bilan de la situation alors que le programme de vaccination scolaire (classes de 6e) est désormais en place depuis le début de l’année. Cette fois, la Commission n’y va pas par quatre chemins et conclut textuellement : “Par ailleurs, la Commission nationale de pharmacovigilance souhaite que l’enquête reste ouverte, afin d’évaluer la sécurité d’emploi des vaccins anti-hépatite B chez les enfants et les nourrissons6 (c’est moi qui souligne).

On a bien lu : la Commission de pharmacovigilance a ouvertement souhaité que soit « évaluée » in vivo et a posteriori la sécurité du vaccin – et chez les enfants et les nourrissons en plus !

Du même coup, elle a admis que les évaluations essentielles de tolérance – même chez les « espèces protégées » de la recherche clinique (cf. 47) n’avaient simplement pas été faites : rappelons qu’à la différence des vaccins antigrippaux qu’on nous promet pour le 15/10/09 (si les fabricants veulent bien prendre l’AMM…), les vaccins antihépatite dont il était question à l’époque n’avaient nullement été développés à la va-vite, mais sur plusieurs années.

Qui croit la Ministre quand elle soutient qu’en France, “il n’est pas question de commencer à vacciner sans que les procédures de sécurité soient complètement terminées” ?

“Pas question” sauf… “chez les enfants et les nourrissons” ?

  1. « Roselyne Bachelot : la circulation du virus H1N1 ‘en train de s’accélérer’ » (AFP, 11/09/09)
  2. Actuellement confrontée à une histoire de trafic de diplômes où elle veut sévir (LeParisien.fr, 08/09/09), la Ministre de l’enseignement supérieur devrait rencarder sa collègue de la santé sur l’organisation des évaluations en général.
  3. Effets indésirables neurologiques des vaccins contre l’hépatite B – Enquête officielle Rapport du Centre régional de pharmacovigilance Alsace à la Commission nationale de pharmacovigilance du 15/12/94, p. 51
  4. Exorbitant dans le contexte actuel, cet aveu confirme rétrospectivement mon analyse (cf. Le précédent de la grippe aviaire in 47) : en 1994, la défense et illustration d’un vaccin qui n’intéressait personne à l’époque n’était pas encore au programme des “experts” soumis aux désiderata de l’industrie pharmaceutique : sur ce sujet au moins, on pouvait parler librement entre soi, sans crainte de nuire aux fabricants qui se souciaient comme d’une guigne du vaccin contre la grippe saisonnière. Confirmation complémentaire: à cette époque, les manuels de référence comme la Pharmacologie clinique de Giroud et coll. (1988, p. 1629) ou Martindale – The Extra-Pharmacopoeia, Londres, 1993, p. 1285) tenaient pour évidente cette neurotoxicité du vaccin anti-grippal, en soulignant qu’elle était plus particulièrement marquée avec les souches de grippe porcine. Accessoirement, ce même aveu permet de ranger au rang des de falsifications le propos de l’éditorial paru le 11/09/09 dans le New England Journal of Medicine et qui célèbre les pauvres essais réalisés sur un nouveau vaccin antigrippal en remarquant qu’en tout état de cause, la tradition de vaccination antigrippale où s’inscrit ce type de vaccins développés à la va-vite “(has) a strong record of safety” [est traditionnellement réputée pour son excellente tolérance].
  5. Ibid, p. 53
  6. Commission nationale de pharmacovigilance. Extrait du procès-verbal de la réunion du 12/10/95