P.C. Gøtzsche – La panique générale autour du coronavirus n’est pas justifiée (traduction)

Addendum du 15/04/20 – La presse française (Ouest-France, 14/04/20) rapporte que le ministre des Affaires étrangères aurait sévèrement tancé l’ambassadeur de Chine pour avoir dénoncé la gestion sanitaire catastrophique des autorités françaises, selon une analyse pourtant rigoureusement conforme aux observations que tout citoyen peut facilement faire par lui-même. À la fin de son article, Gøtzsche se demandait ironiquement si l’état de dictature instauré dans certains pays occidentaux était, en sus du coronavirus, un emprunt que nous avions fait à la Chine. En fait, la situation est bien pire : le gouvernement français en est à censurer la Chine…

Introduction du 30/03/20 – Une aimable lectrice, ni anglophone, ni professionnelle de santé, a fait l’effort de traduire une très récente (24/03/20) contribution de Peter Gøtzsche1, à l’usage de correspondants qui ne lisent pas l’anglais ; elle m’a demandé d’en assurer la relecture technique2 qui suit. Comme l’auteur de ces lignes3, mais en beaucoup plus éminent, Gøtzsche soutient qu’il n’existe aucune justification sanitaire sérieuse aux mesures dictatoriales mises en place sous prétexte de contrôler le coronavirus. L’auteur insiste bien sur deux points distincts: i) il n’existe aucune preuve que la situation sanitaire actuelle soit exceptionnellement grave; ii) quand bien même elle le serait, les mesures prises n’auraient aucune chance de la contrôler, tandis qu’elles frappent par leur débilité intrinsèque4 et leur incohérence5.

Pour mémoire, Gøtzsche est l’un des fondateurs de la fameuse fondation Cochrane, dont il s’est fait virer comme un malpropre pour avoir osé contribuer à une revue critique des vaccins anti-HPV. Il avait déjà pris son comptant d’insultes et de sévices en montrant, preuves en mains, que le dépistage mammographique6 était une escroquerie ; il a récidivé ensuite par un livre consacré aux abus des psychotropes; j’en passe… Un très mauvais garçon, par conséquent, mais dont la réflexion scientifique et éthique a beaucoup d’atomes crochus avec celle développée sur le présent site…


La traduction en français

La panique générale concernant le coronavirus n’est pas justifiée.
L’auteur se propose de résumer ce qu’il sait sur le coronavirus à l ’heure actuelle. Il est en relation par internet avec de nombreux intervenants du monde entier : le professeur Ioannidis, Aaron Ginn, Graig Glassman etc.

Dès le 8 mars, j’ai publié sur le site du BMJ « Covid-19. Sommes-nous victime d’une panique générale ? ». J’écrivais que les taux de mortalité étaient éminemment incertains, que nombre d’affections bénignes passent inaperçues et que quand un sujet âgé avec une pathologie cardiaque grave en vient à décéder, bien malin qui peut incriminer le virus ou l’état cardiaque, exactement comme pour la grippe ou d’autres affections pulmonaires virales.

Je me demandais alors ce qui se serait passé si les Chinois n’avaient pas fait de test pour rechercher ce coronavirus ou s’il n’y avait pas eu de test du tout. Est-ce qu’on se serait arrêté de vivre et qu’on aurait pris tant de mesures de restriction pour une surmortalité survenant ici et là chez les personnes âgées, comme cela arrive chaque hiver ?

Il faudrait comparer avec la mortalité due à la grippe, mais quand on se donne la peine de recenser un par un les morts causées par la grippe, on se rend compte que les chiffres officiels sont largement surestimés. J’ai pris l’exemple du Canada dans mon livre : « Vaccins, vérités, mensonges et controverse ».

Lors de la prétendue pandémie qui frappa le monde en 2009, quand l’OMS alerta le monde entier sur la gravité possible de l’épidémie en cours, ce fut une occasion rare d’observer la mortalité réelle par la grippe. Pour la première fois on procéda largement à des tests en labo, on mit en place un système national de relevés des cas, et tous les yeux étaient fixés sur le nombre de morts dus à la grippe. Le nombre final de 428 a été bien plus proche du nombre habituel de morts dus chaque année à la grippe (300) tel qu’il était relevé dans les statistiques nationales que de l’évaluation qui en avait été faite par modélisation informatique (jusqu’à 8000 morts). Au lieu de nous effrayer, les responsables de l’OMS auraient mieux fait de nous rassurer. Même le nombre de 8000, pourtant largement exagéré, était négligeable par rapport à la population. Il aurait signifié que 99,98% des Canadiens ne mourraient pas de grippe dans l’année.

L’OMS estime que la grippe tue chaque année entre 290 000 et 650 000 personnes à cause de complications respiratoires. Nous ne savons pas dans quelle mesure ces estimations sont fiables, pas plus que nous ne le savons concernant les chiffres avancés pour le coronavirus. Néanmoins après quatre mois d’épidémie, on en est à environ 17 000 morts. Pourquoi donc cette panique extrême avec toutes ces mesures draconiennes non validées qui entravent sérieusement la vie des gens ?

Certains me disent que c’est parce que le coronavirus est bien plus contagieux que la grippe. Mais à chaque fois que j’ai demandé où étaient les preuves, on m’a répondu par le silence. Le taux de contagion semble avoisiner celui de la grippe saisonnière. Je me fonde sur l’analyse que Ioannidis a faite à partir de l’exemple du bateau de croisière où les gens couraient un grand risque de se contaminer parce que la promiscuité était grande au bar, au buffet, quand ils dansaient, ainsi que sur les informations publiées par Ginn. Ginn écrit aussi que sur les milliers de vols effectués depuis novembre 2019, seuls une poignée d’équipages ont été testés positifs.

Le coronavirus est-il beaucoup plus mortel que le virus de la grippe ? Il ne semble pas. L’estimation à 3,4% de l’OMS est largement exagérée. La Corée du Sud a parfaitement fait face à la situation et elle a été leader pour le nombre de tests par habitant. Le taux officiel de mortalité n’est que de 0,9% et il doit être encore plus faible en réalité car nombre de gens atteints souffrent de symptômes bénins et n’ont pas été testés.

L’Italie est un cas spécial. Sur les 16 557 morts recensés dans le monde à ce jour, 6077 viennent d’Italie, avec une mortalité de 9,5%. Il me semble qu’il était prudent de demander aux Coréens du Sud de rester chez eux quand ils étaient malades et de ne venir à l’hôpital que si leur état s’aggravait fortement. Ainsi a-t-on pu éviter que les hôpitaux ne soient surchargés. Nous savons par le travail fondamental du professeur Peter Aaby sur la rougeole que si la dose infectieuse est élevée, le taux de mortalité peut être élevé parce que l’organisme n’a pas le temps de développer une réponse immunitaire. Ainsi des hôpitaux surchargés présenteront une mortalité élevée. C’est justement à quoi mène la panique : à provoquer un afflux dans les hôpitaux.

Comparer les pays est évidemment délicat pour diverses raisons. La population d’Italie du Nord qui présente le plus de décès dans le monde est aussi celle qui fume plus, qui est plus âgée, où les contacts sociaux sont étroits, qui a plus de comorbidité, etc. D’autre part plusieurs variantes du virus circulent. Et comme c’est un virus ARN, il mute plutôt rapidement.

Pour le virus de la grippe, il y avait de fortes disparités dans les taux de mortalité. Une étude systématique sur les cas attestés en laboratoires faisait état d’un taux médian d’environ 1% pour l’épidémie plutôt bénigne de 2009 et pour les années suivantes. (estimation personnelle faite à partir de la figure 3 de l’étude).

Est-ce une mesure fondée sur des preuves que fermer écoles et universités, annuler vols et congrès, interdire les voyages, fermer les frontières et isoler les gens quand ils sont malades. L’isolement et le respect d’une distance de deux mètres est une bonne mesure car le virus se disperse dans les gouttelettes et qu’il n’a pas d’ailes, comme le faisait remarquer un commentateur.

Il est peu probable que des mesures draconiennes soient efficaces. Ginn fait remarquer que les courbes décélèrent de la même façon selon les pays quelles que soient les mesures prises. En Corée du Sud et à Taïwan, les gens peuvent aller à la gym et au restaurant, et il ne semble pas que les pays qui ont fermé les écoles (Hong-Kong) aient eu plus de succès que ceux qui ne l’ont pas fait (Singapour). A Singapour, les gens peuvent toujours mener une vie normale.

Dans mon pays, le Danemark, les politiques ont détruit la vie elle-même, et ils ne cessent de faire empirer la situation. Presque toutes les personnes auxquelles je parle hochent la tête avec incrédulité. Ils pensent que la pandémie est plus une pandémie de panique que d’autre chose. Tous les rassemblements de plus de dix personnes y sont interdits, même dehors, et vous pouvez écoper d’une amende de 200 Euros si vous violez cette règle. C’est un scénario de rêve pour un législateur porté sur la dictature. Toutes les manifestations sont illégales.

Les matchs de football ne sont autorisés que s’il y a cinq joueurs et pas de spectateurs. Les gymnases sont fermés, les courts de tennis également alors qu’il ne peut jamais y avoir plus de quatre joueurs en même temps sur un court, les terrains de golf sont fermés alors que vous pouvez toujours déambuler sur les fairways si vous ne ressemblez pas à un joueur de golf, et vous ne pouvez plus vous faire couper les cheveux. Bientôt le premier ministre danois va peut-être déclarer qu’il ne peut plus y avoir qu’une personne dans les lits doubles danois, puisque nous sommes tous en manque de distance…

Nous sommes toujours autorisés à courir dans les forêts, mais les gens font de grands écarts pour ne pas nous croiser de trop près, et l’autre jour nous avons croisé un couple assez âgé portant un masque, ce qui est plutôt rare chez nous contrairement à l’Asie. Les masques ne devraient être utilisés que si l’on est infecté, mais les gens ne le savent pas, apparemment. Beaucoup de gens que nous rencontrons ont l’air grave comme s’ils songeaient à rédiger leur testament avant qu’il ne soit trop tard. A la télé on ne parle plus de rien d’autre que du Corona, corona, corona. Doomsday n’est pas loin…

Nous avons fermé nos frontières avec l’Allemagne et la Suède bien que nous ayons plus de cas qu’eux. Pourquoi, tant qu’on y est, ne pas fermer l’île de Fyn, au milieu du Danemark, ce qui est facile puisqu’il y a un pont à chaque extrémité qu’on pourrait faire garder par l’armée ? Où cela va-t-il s’arrêter ? La logique est la première victime dans l’histoire…

Dans beaucoup de pays il n’y a plus de papier hygiénique, comme si on avait une épidémie de choléra. C’est proprement incompréhensible. Et je ne comprends pas pourquoi il n’y a que le coronavirus qui compte alors que des milliers de gens meurent de paludisme, de la tuberculose, sans parler des médicaments dont ils n’ont nul besoin. On va où ? Est-ce qu’on va avoir droit à la vie éternelle pour autant qu’on aura échappé au coronavirus ?

Cette hystérie a quelques aspects positifs. Apprendre aux gens à bien se laver les mains et à ne pas tousser au visage d’autrui fera certainement baisser la mortalité due à la grippe et à d’autres virus.

Mais les dommages sont colossaux pour les économies nationales et pour nous-mêmes. Des milliards de gens ont vu leur qualité de vie se détériorer et la mortalité d’autres causes augmente. Des entreprises font faillite en chaîne, ce qui entraîne des suicides, de même que le chômage entraîne des suicides et que les anti-dépresseurs font monter le chiffre des suicides. Des gens, même des enfants, qui avaient peur d’attraper le coronavirus ont été mis sous anti-dépresseurs, dont nous savons qu’ils doublent le nombre des suicides, pas seulement chez les enfants mais aussi chez les adultes. Les médecins cinglés peuvent être aussi dangereux que les politiques cinglés.

On n’avait pas appliqué de mesures aussi draconiennes durant la pandémie grippale de 2009. Notez aussi que c’est toujours l’hiver quelque part et qu’on ne peut pas fermer le monde en permanence. Pourquoi maintenant, alors ?

Personne apparemment ne s’offusque que les mesures prises soient trop draconiennes. L’épidémie finira bien par cesser dans un futur assez proche, et il y aura alors une foule de gens pour s’en attribuer le mérite.

La démocratie a souffert, puisque nous ne pouvons plus manifester, et la liberté a souffert. Nous sommes déjà confrontés à la face hideuse de la censure. L’article intéressant de Ginn a été retiré par Medium. Le Wall Street Journal écrit que la page annonce à présent que « cet article fait l’objet d’investigations ou a été considéré comme contraire aux règles de Medium. » Entretemps Twitter a annoncé des restrictions radicales sur les articles concernant le coronavirus. La compagnie dit qu’elle restreindra tout contenu « contraire aux recommandations autorisées sur la santé, qu’elles soient régionales ou globales ». Si vous cliquez sur le lien Medium de Twitter vous obtenez l’avertissement : « potentiellement dangereux ».

Quand un article honnête et informé sur un problème majeur de santé se trouve censuré au simple motif qu’il serait « contraire aux recommandations autorisées », nous n’avons pas seulement contracté un virus chinois. Nous avons aussi attrapé une censure de style chinois. Est-ce ce que nous voulons ? D’autre part, je ne vois même pas en quoi les recommandations de Ginn ou ses conclusions hypothétiques iraient contre de telles recommandations. Je ne vois même pas qu’il recommande quoi que ce soit.

Document joint

  1. L’original anglais est donné en PJ.
  2. Une relecture « technique » vérifie l’absence d’erreurs sur le fond ; elle ne se soucie pas du style.
  3. Et à l’instar de Ioannidis, autre éminent épidémiologiste.
  4. Orienter vers les pharmacies les femmes battues à cause du confinement…
  5. Ne pas aller travailler pour limiter la contagion, mais se mettre à la disposition des agriculteurs pour passer le temps.
  6. Gøtzsche PC, “Mammography screening. Truth, lies and controversy”, Radcliffe Publishing, Londres 2012.