Grippe porcine : une plainte pénale déposée en Belgique

Actualité du scandale

Quoiqu’ayant significativement contribué à l’échec du plan vaccinal concocté par le gouvernement belge à l’initiative des lobbies, le groupe Initiative citoyenne a d’abord été débouté par la Justice de toutes ses demandes.

D’emblée dénoncées et documentées 130, cependant, la mystification et l’imposture ont été confirmées partout où l’on s’est avisé d’enquêter. De l’alerte « pandémique » à la pharmacovigilance en passant par un développement bâclé, une autorisation de mise sur le marché proprement défectueuse et des contrats scandaleusement léonins, les dysfonctionnements sont désormais documentés à tous les niveaux.

Il ne s’agit pas de rejouer éternellement le match, mais simplement de comprendre que ce qui s’est passé n’est que l’épisode le plus caricaturalement documentable du processus pervers qui, depuis la directive 65/65/CEE, asphyxie la santé publique sous l’étreinte terrible des lobbies pharmaceutiques : la grippe H1N1 n’est qu’un exemple parmi bien d’autres.

Il existe aujourd’hui une convergence d’éléments clairs, précis, concordants qui permet à Initiative citoyenne de revenir devant la Justice pénale, civile et administrative par souci de la santé citoyenne – justement… Adressée au Procureur du Roi, leur plainte vise les chefs de coalition de fonctionnaires et de corruption de fonctionnaires (cf. l’article du journal Le Soir en PJ)…

C’est aussi l’occasion de revenir sur la question cruciale: qu’y a-t-il de si actuel dans ce scandale dont on voudrait nous faire croire qu’il appartient désormais au passé ?


L’actualité du scandale lié à la fausse pandémie grippale se reconstitue aisément d’une relecture tridimensionnelle: l’expertise, la pharmacie, le politique.

L’expertise

Alors que les politiques ne cessent de déléguer aux “experts” l’essentiel de leurs prérogatives décisionnelles, en contestant aux citoyens leur droit de regard eu égard à la complexité présumée des problèmes posés, la grippe porcine offre désormais une histoire paradigmatique permettant de documenter que les experts ne sont en fait que les hommes de paille des lobbies 131. Si les grands problèmes politiques du moment (crise bancaire, relance économique, développement durable…) renvoient effectivement – au moins en surface – à une certaine complexité (encore parasitée par l’idéologie), la grippe porcine a offert le spectacle d’experts qui n’ont pas craint de se mouiller très précisément (“au moins 30 000 morts en France; nécessité de vacciner 90% des enfants pour faire barrage à la pandémie) et qui se trouvent, par le fait même, littéralement ridiculisés aujourd’hui. Plus grave: loin de pouvoir s’abriter derrière leur droit à l’erreur, les experts se sont constamment trompés dans un sens favorable aux intérêts de leurs sponsors inavoués. Or, par contraste avec l’erreur aléatoire, qui peut tomber d’un côté ou de l’autre de la vérité, cette erreur systématique correspond à ce qu’on appelle un biais: elle est d’autant plus éloquente qu’en parallèle, elle s’est appuyée sur une rhétorique de dissimulation des conflits d’intérêts – contradictoire tant avec l’éthique scientifique traditionnelle qu’avec la législation en vigueur. Bref et pour le dire simplement: les citoyens ont pu voir que les experts sont tous nus – et qu’ils ne sont pas beaux. L’actualité de ce constat se renforce que de ce qui s’est depuis lors passé dans le Golfe du Mexique…

La pharmacie

Dans la vie d’un médicament, la phase de développement (avant la mise sur le marché) est incontournable. C’est le seul moment où l’on peut soumettre un nouveau produit à des évaluations contraintes par un minimum de rigueur : contrôle du processus de fabrication, tests chez l’animal, essais cliniques, etc. Même si ces exigences peuvent être contournées (comme attesté par les affaires cérivastatine ou Vioxx), elles ne sauraient en aucun cas être remplacées par une promesse de pharmacovigilance une fois le produit sur le marché. En l’espèce, alors que l’EMEA (l’agence européenne) reconnaissait sans fard que le rapport bénéfice/risque des vaccins antigrippaux n’avait pu être évalué au cours du développement, l’administration sanitaire ne rougit pas de clamer, une fois le produit sur le marché, que les données de la pharmacovigilance « ne modifient en rien » le rapport bénéfice/risque du produit, lequel n’avait justement pas été évalué : c’est dire, avec un parfait cynisme, que ce rapport bénéfice/risque n’a été et ne sera jamais évalué et que ces produits, pour lesquels on a un temps envisagé une obligation vaccinale, sont proprement défectueux au sens légal du terme. Or, cette séquence – développement bâclé sur la fallacieuse promesse d’une pharmacovigilance qui ne viendra jamais – est exactement celle qui sous-tend la proposition de directive modifiant la directive 2001/83/CE qui est actuellement en discussion à Bruxelles : ce projet est proprement effrayant, et la récente histoire des vaccins contre la grippe porcine est l’éloquent prélude de la caricature technico-réglementaire que les lobbies pharmaceutiques cherchent désormais à mettre en place. Cette directive scélérate, faut-il le préciser, ne se limite pas aux seuls vaccins contre la grippe: elle concerne tous les médicaments.

Le politique

Dans la « Préface à l’édition française », datée de février 2009, de son récent ouvrage L’Etat prédateur , l’économiste américain James Galbraith admettait que sa réflexion portait d’abord sur les Etats-Unis tout en postulant qu’elle touchait à une dynamique bien plus universelle. Il n’aura pas fallu plus de deux mois pour le confirmer. Car, ce qui frappe le plus, dans cette histoire grippale dont les enjeux financiers ne sont même pas niés par ceux qui en profitent, c’est qu’à aucun moment, on n’a entendu la voix promotionnelle des fabricants : la publicité de ces produits a été assurée par la voix du Ministre et de ses conseillers, au moyen d’arguments qui, dans n’importe quelle autre situation, eussent été sanctionnés par les instances nationales chargées de contrôler la publicité pharmaceutique. Bien pis : en France, le gouvernement n’a pas craint de recourir à la réquisition, authentifiant ainsi de la façon la plus extrême une mystification sanitaire dont les déterminants lucratifs sautaient pourtant aux yeux. Se trouve dès lors illustrée de la façon la plus éloquente la thèse de l’Américain que la déréglementation, ce n’est pas la loi de la jungle au profit de lobbies : c’est l’appropriation par les lobbies de l’autorité et de la puissance de l’Etat au bénéfice de leur prédation. En l’espèce, on les a donc vus capables de détourner à leur profit la plus extrême des prérogatives de l’Etat dans un pays qui a banni la peine de mort : son pouvoir de contrainte sur les corps – mais au seul bénéfice de la liquidation des stocks.

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