Les déconneurs du journal Le Monde au service de la propagande vaccinale

RÉSUMÉ – L’indigence des contributions signées par « les Décodeurs » du journal Le Monde me paraissait tellement évidente que je n’avais pas spontanément éprouvé le besoin d’en parler; néanmoins, il m’a été fait demande de les réfuter. Exécution…

Introduction

Sous la rubrique « Venons-en aux faits », dont les rédacteurs ont été vaccinés d’office contre le doute cartésien et dont le titre suinte déjà l’humilité scientifique, le journal Le Monde éjacule sans désemparer des articles sur les vaccinations, qui s’ajoutent à d’autres contributions non moins rigoureuses1 complétées par celles de blogueurs invités tels que celui qui introduit sa chronique de la façon suivante, laquelle suinte, elle, le souci de vérification : « Les vaccins constituent la plus belle victoire de la médecine »…

Réclamé par certains lecteurs, le présent article vise un décodage du décodage, mais sans souci d’exhaustivité : comme je dis souvent, « on n’a pas besoin de manger un œuf jusqu’au bout pour voir qu’il est pourri ».

Critères intrinsèques de crédibilité

La vérité comme monopole durable

Que les employés de Pierre Bergé (qui ne voit aucune différence entre salarier sa force de travail et louer son ventre à fin de gestation pour autrui) ou Xavier Niels (qui a gagné ses premiers sous grâce au Minitel rose) s’imaginent que la vérité scientifique, c’est juste un truc parmi d’autres qu’il suffit d’acheter comme le reste, cela n’est guère étonnant. Personnellement, je ne connais qu’une seule instance (elle aussi pourvue de moyens financiers conséquents) qui ait revendiqué un monopole durable de la Vérité : c’est le Saint-Office2. Autant dire que les « décodeurs » du Monde s’inscrivent dans une tradition notoirement prisée pour son ouverture d’esprit et son souci de la vérification expérimentale – demandez à Galilée.

Foin du passé, de toute façon : la rhétorique d’intimidation scientifique derrière le procédé qui consiste à se poser en croisé de la science (et donc à ravaler tout contradicteur au rang de mécréant) se déchiffre aisément sur la base de quelques précédents (parmi bien d’autres…).

  • Au moment de l’escroquerie H1N1, le site « Hoaxbuster » (supposé, comme « Venons-en aux faits », ne connaître que l’irréfutable Loi de la Science) avait mandaté un de ses preux pour se faire mon scalp « d’imposteur ». Dans l’affrontement-minute qui a suivi, les heaumes sont vite tombés : tandis que, conformément à mes prévisions depuis le tout début, la pandémie faisait lamentablement pschitt, il est vite apparu qu’au terme d’un cursus regrettablement erratique et lamentablement stérile, le croisé en question n’avait trouvé d’autre issue dans sa vie qu’acheter un ersatz de « diplôme » (n’ayons pas peur des mots…) moyennant deux mois de formation aux « éléments du langage médical » dispensée dans une école payante vouée au recrutement de sous-sous-larbins au service de l’industrie pharmaceutique…
  • S’attaquant à moi quelques années plus tard avec le courage de l’anonymat, mais assez bêtes pour laisser transparaître l’identité de leur sponsor, les collaborateurs du site PSIRAM – également autoproclamés défenseurs intransigeants de la Science – n’ont même pas été capables de trouver mon CV pourtant parfaitement disponible dès la page d’accueil de mon site, ce qui les a ridiculement conduits à m’attribuer – entre autres – des écrits d’exégèse biblique (dont le véritable auteur est un éminent homonyme, étranger de surcroît) : pour diverses raisons d’ordre biographique (dont je ne suis pas fier), j’ai déjà eu beaucoup de mal à apprendre – tardivement – un peu d’anglais, et j’avoue ne pas me sentir très à l’aise avec l’hébreu et l’araméen dans le texte… Mais il faut croire que pour mes sourcilleux critiques-au-service-de-la-Science, le travail de recherche documentaire, c’est du chinois…
  • Je suis tombé l’autre jour par hasard sur un autre site du même genre, dont je n’ai même pas retenu l’adresse, qui pourfendait sélectivement quelques anti-vaccinalistes parmi les plus nuls, tout en me citant subrepticement dans la « bibliographie » qui suivait mais évidemment sans prendre le risque de formuler précisément la moindre critique me concernant. Cette stratégie d’amalgame m’a rappelé ce passage d’un très officiel bouquin catho publié sous Vichy, qui se lançait dans une dénonciation collective en commençant de la façon suivante (je cite de mémoire, mais c’était le ton) : « Les communistes, les socialistes, les libertins, les francs-maçons (…) ». On a l’esprit Saint-Office ou on ne l’a pas…

À côté de ce procédé faux-cul qui consiste à décrédibiliser par allusion globalisante un intervenant significatif (qui peut inscrire à son tableau de chasse, entre autres, un rôle à tout le moins significatif dans le lamentable échec de la campagne de vaccination contre le H1N1) mais en esquivant la tâche de le réfuter sur ce qu’il a vraiment dit3, il y a aussi la méthode-Tartarin consistant à réfuter pied à pied un contradicteur qui n’en n’est pas un : dans le premier des deux articles qu’on va examiner plus bas, le décodeur de service va citer pas moins de sept fois Michèle Rivasi, dont on ne sache pas qu’elle ait la moindre compétence en matière de pharmacie industrielle ou de médecine, et dont l’un des titres de gloire les plus récents consiste à s’être posée en vaillant défenseur du vaccin contre la rougeole : c’est un retour « aux faits » finalement assez confortable que de fonder une propagande sur une pseudo-réfutation des propagandistes du même camp4… Mais le chevalier servant de « la » Science chérie par Le Monde ne se contente pas de réfuter une ancienne prof. de SVT : avec une audace qui frise la témérité, il va jusqu’à affronter le site breizh-info.com, tristement connu pour avoir fait courber l’échine des Riches et des Puissants, représentant parmi les plus redoutés de ce que d’autres croisés impayables dénoncent sans rire comme « lobbys (sic) antivaccinaux ».

Sans entrer dans une réflexion épistémologique tant soit peu élaborée, disons simplement que cette illusion que quiconque pourrait durablement s’installer dans le bunker de la Vérité pour y canarder les « imposteurs » ou dissiper « la rumeur » signe assez une remarquable inculture – pas seulement scientifique, d’ailleurs. C’est sur la base de cette évidence qu’avant qu’on ne m’en fît explicitement la demande, je n’avais jamais pris la peine de réfuter les bouffons qui se présentent comme missionnés (mais sans jamais nous dire par qui) pour « décoder » une réalité scientifique dont ils sont si manifestement éloignés.

Formation intellectuelle

La moindre des choses, quand on prétend prendre une position publique sur un problème technico-scientifique, c’est de justifier sur la base de quelle formation et de quelles réalisations antérieures. Les contributions de propagande vaccinale que je me propose d’analyser aujourd’hui ayant été rédigées par un certain Adrien Sénécat, il suffit de cliquer sur son nom pour constater, à partir de sa photo, qu’il n’a les cheveux blancs ni de l’érudition ni de l’expérience5, et apprendre qu’il est simplement « journaliste », on ne sait même pas d’où : sans ironiser une fois encore sur le niveau des « journalistes » français tel qu’il saute aux yeux de n’importe quelle personne ayant un minimum de familiarité avec ce milieu, on émettra quelques doutes quant à la compétence que peut conférer une école de journalisme relativement à une problématique technico-réglementaire intriquée et complexe qui échappe déjà à la plupart des professionnels de santé6 (pour ne rien dire des juges « spécialisés »)….

On se le permettra d’autant plus que ce même lien conduit à d’autres contributions dont notre jeune « décodeur » est apparemment très satisfait, et qui concernent, pêle-mêle, la circulation des informations, le problème du cumul chez les parlementaires, l’affaire des « pièces jaunes », les armes chimiques, les tensions religieuses, le terrorisme, le végétarisme, le chômage, la répression policière – j’en passe beaucoup, et des meilleures. Ce n’est certes pas sous ma plume que l’on trouvera une condamnation de principe de l’interdisciplinarité, mais outre qu’il s’agit alors plus d’une ascèse que d’une distraction, outre qu’entre apprendre pour soi et exposer pour les autres, il y a quand même un sacré saut, le dilettantisme de notre pigiste grimé en journaliste est encore confirmé par le temps record (moins d’un an et demi) qu’il lui a fallu pour rédiger (évidemment chaque fois après « enquête » – hi !hi !) pas moins de 34 « articles »7. C’est bien facile de « décoder » le Réel quand on n’a fait aucun effort pour en mesurer la complexité…

De nouveau, si je n’avais pas été expressément sollicité pour réfuter ces torche-culs, le constat qui précède aurait largement suffi pour que je passe mon chemin sans m’y attarder davantage : ne pas perdre son temps, ni son énergie, sur ce qui n’en vaut manifestement pas la peine est justement la fonction principale de mes « critères intrinsèques de crédibilité ».

Ces quelques préliminaires méthodologiques étant posés, examinons d’un peu plus près deux des récentes contributions de notre journaleux polygraphe – en pastichant, pour détendre l’atmosphère, la rhétorique faraude du site « Les Décodeurs » (« Pourquoi c’est faux/ Pourquoi c’est exagéré […] »).

“Antivaccins : des mensonges dans un débat légitime” (11/07/17)

Onze vaccins, mais pas onze piqûres à la fois

Pourquoi c’est exagéré

Il s’agit, pour notre sémillant décodeur, de décrédibiliser les abrutis qui voient un risque dans l’augmentation du nombre d’immunisations. Cependant :

  • si le nombre d’injections est un paramètre insignifiant, pourquoi ce dernier a-t-il été outrageusement exploité par le marketing pharmaceutique pour justifier l’introduction de vaccins multivalents (supposés permettre une réduction du nombre d’injections) ?
  • à limiter le nombre d’injections au seul problème de ce qu’un professionnel de recherche clinique appellerait « la qualité de vie » (à savoir, en l’espèce, les conséquences immédiatement douloureuses), notre oblat de la Science emboîte le pas aux commerciaux des fabricants qui s’obstinent à ignorer que le risque de réaction auto-immune est forcément augmenté par le nombre des immunisations (la fameuse « mosaïque de l’auto-immunité »).

Les nouveaux vaccins ont beaucoup moins de molécules antigéniques que les vieux

Pourquoi c’est inepte

On aimerait bien savoir comment le porte-plume de Bergé-Niels déguisé en porte-oriflamme de la Vérité fait en pratique pour dénombrer, quasiment à l’unité près, le nombre d’antigènes administrés par vaccin ! Sait-il qu’avec le moindre médicament, si anodin soit-il, on est dans une totale ignorance du nombre total de métabolites (molécules dérivées de la molécule-mère après « digestion » par l’organisme), dont certains peuvent néanmoins déclencher des réactions graves même s’ils n’existent qu’à l’état de trace indétectable par les moyens analytiques disponibles ? A-t-il entendu parler des normes de tolérance en matière d’impuretés, qui attestent qu’en pratique personne ne prétend maîtriser l’intégralité des substances contenues dans un produit manufacturé (qu’il s’agisse de médicament, de cosmétique, de produit alimentaire…) ?

Un bébé n’est pas « trop fragile » pour supporter des vaccins

Pourquoi c’est aussi idiot que monstrueux

  • C’est idiot : apparemment chapitré sur la portée de cet indice minimum de crédibilité, notre journaliste spécialisé en tout ne peut néanmoins s’empêcher de retomber dans une globalisation de propagande : si « LES » vaccins sont une entité dont on peut parler globalement, aurait-il l’obligeance de revenir sur le retrait d’Hexavac et sur ses raisons ? Sur celui du DTP ? Sur celui de Pandemrix ? Personne ne serait assez idiot pour clamer qu’un bébé n’est pas trop fragile pour supporter DES médicaments : ça dépend lesquels. Eh bien ! n’est-ce pas la même chose avec LES vaccins?…
  • C’est monstrueux : quand la tendance actuelle consiste à contourner le préalable naguère inévitable des essais cliniques, on aimerait bien que notre porte-voix de la pègre médico-pharmaceutique fasse une revue sérieuse des études attestant la bonne tolérance DES vaccins chez LE bébé (lequel, déjà ? Rappelez-moi son nom…). Dans l’entretemps, ce n’est pas sa référence ridicule à « une étude allemande de 2000 » qui sera de nature à rassurer quiconque dispose de la moindre compétence en recherche clinique :
    • aucune information sur le financement, aucune procédure d’aveugle, procédure de randomisation même pas apte à garantir un sex ratio équilibré entre les groupes et, de toute façon, ridiculisée par un taux d’exclusion de 39% dans le groupe vacciné contre 11% dans le groupe non vacciné ;
    • encore plus fort : l’évaluation des défenses immunitaires des enfants s’est faite – en ouvert, donc – sur la seule base d’un suivi assuré par les mères
    • dans un article correspondant à un volume total d’environ 350 lignes, la section Résultats, en principe centrale, se limite à… 15 lignes.

Au total et pour résumer, l’étude – « allemande », nous dit Adrien Sénécat avec des étoiles dans les yeux –, financée par on ne sait qui, et auditée on sait encore moins par qui, s’est contentée, après consultation sommaire des mamans, de poser la question de savoir si des gamins vaccinés au su et au vu de tout le monde allaient mieux que des gamins non vaccinés, également au su et au vu de tout le monde. Inattendue mais imparable, imparable parce qu’inattendue, la réponse été « Jawohl, natürlich ! » – et elle a retenti comme un cinglant démenti à « la rumeur » qui véhiculait que les choses pourraient être un peu plus complexes…

Même Goebbels faisait plus subtil…

L’organisation mondiale de la santé estime que (…) on pourrait sauver 1,5 millions de vies supplémentaires en améliorant la couverture mondiale de LA vaccination

Pourquoi il y a des limites dans le foutage de gueule, même quand il est financé par Bergé, Niels & Co

Curieusement, notre journaleux oublie d’en « revenir au faits » pour décoder tout un tas de « rumeurs ».

  • Pourquoi faudrait-il croire sur parole l’OMS qui, parmi tant d’autres escroqueries, nous avait prédit une catastrophe sans précédent si on omettait de se vacciner contre le H1N1 ?
  • À quelle vaccination précise pense l’OMS sous couvert de LA vaccination (cf. ci-dessus) ? À Pandemrix, retiré dans les conditions de clandestinité que l’on sait, à cause de complications pour lesquelles la solidarité nationale continue de casquer ? Au DTP introuvable en France – bien qu’apparemment, il « pourrait » contribuer à un sauvetage de vies par centaines de milliers au moins ? À la forme d’Hexavac retirée précipitamment en 2005 ? Au vaccin contre la rage ? À celui contre la maladie de Lyme retiré non moins précipitamment par GSK voici quelques années, sans un mot d’explication crédible ? À celui contre le terrible fléau des érections matinales ?
  • En quoi les « Français de souche » (pour parler comme la chère Nadine), surtout s’ils n’ont pas de quoi partir en vacances (il y en a de plus en plus), seraient-ils concernés par le poids sanitaire de toutes les maladies infectieuses du monde entier ? La fièvre jaune ? La maladie du sommeil ? La bilharziose ? Les filarioses ? En quoi seraient-ils concernés par une morbi-mortalité certes infectieuse, mais notoirement corrélée à des facteurs tels que la malnutrition ou l’absence d’eau potable ? Si tout le monde est indistinctement concerné par tous les problèmes sanitaires dont l’OMS est supposée s’occuper, faut-il obliger – puisque ça devient la mode ici – tous les adolescents obèses de cheunoux à manger encore plus pour épargner « les millions de vies » menacées ici et là par la malnutrition ?

Le ministère de la santé estime que l’élargissement de la couverture vaccinale coûtera [seulement] entre 10 et 20 millions à l’Assurance maladie

Pourquoi l’esprit est prompt alors que la chair est faible

Quand on brandit les menaces de l’OMS (cf. ci-dessus) concernant les risques encourus si l’on ose résister aux injonctions de Big Pharma relayées par l’OMS, on peut brandir les estimations financières du gouvernement français quant au coût des cadeaux offerts à Big Pharma par le gouvernement français : c’est un peu comme si on s’était fié à Bokassa pour estimer la valeur des diamants qu’il avait offerts à Giscard. Du grand journalisme…

Les parents qui refusent la prison iront-ils en prison ? (…) Dans les faits, [l’article L3116-4 du Code de la santé publique qui prévoit un tel emprisonnement] est très rarement appliqué

Pourquoi la France va connaître une grave pénurie de moquettes si les amoureux des « faits » continuent d’en fumer autant

Il a dû échapper à notre champion du retour aux faits que tout l’objet du débat était précisément de changer la loi : que l’actuelle soit ou non régulièrement « appliquée » n’est guère informatif quant à la façon dont la nouvelle loi le sera…

Dans 30% des cas [d’hépatite B] en France, le mode de contamination est inconnu

Pourquoi l’homme qui a vu l’homme (…)

Sans me vanter, je pense avoir été le premier à documenter, textes en main, que les autorités françaises – notamment par la voix de leurs experts les plus éminents, tels que le président du CTV – s’étaient continûment fichues du monde avec leurs estimations alarmistes tant de la fréquence de la maladie que des modes de contamination. Avide, à la différence du jeune Sénécat, de « revenir aux faits » s’il peut s’avérer que je me suis trompé d’une façon ou d’une autre, je me suis donc précipité sur le lien fourni par ce dernier supposé documenter (« Venons-en aux faits ») son estimation quantitative des modes de contaminations inconnus.

Cependant, « la preuve » en question est un banal texte du site officiel Santé Publique France qui soutient textuellement (mais sans la moindre référence) : « Dans 30 % des cas, le mode de contamination reste inconnu »… Ainsi :

  • comme démontré plus haut avec l’estimation par les autorités sanitaires du cadeau offert aux fabricants par les autorités sanitaires, le décodeur du Monde n’a pas meilleure source que les autorités sanitaires pour vérifier la propagande mensongère des autorités sanitaires8 ;
  • lorsqu’il veut prouver que dans 30% des cas, le mode de contamination reste inconnu, le jeune Sénécat fournit un lien Internet renvoyant à une assertion exactement identique quoique pas mieux référencée. Nous sommes typiquement dans la pathologie Internet que j’ai décrite dans une contribution récente :

    “Parler sans savoir et, par conséquent, sans avoir l’obligation morale de vérifier : il suffit qu’en cliquant, je puisse me convaincre que je ne suis pas seul à parler et m’entretenir dans l’illusion que je suis écouté. (…) Par rapport à une pensée aussi plate, en contenu, qu’une feuille de papier à cigarette, l’interconnectivité produit une illusion de profondeur : par contraste, quand on s’est effectivement approprié un savoir ou une pensée, on n’a pas constamment besoin de se rassurer en multipliant les connexions qui en imposent pour des références.”

À lui seul, ce dernier exemple devrait suffire à caractériser la véritable nature du site « Les Décodeurs » du Monde9 : une bête instance de propagande, et particulièrement balourde de surcroît.

“Vaccin contre l’hépatite B et sclérose en plaques : non, la justice européenne n’a pas reconnu le lien”(12/07/17)

À l’heure où l’on bat les blés au soleil en cumulant le plaisir de bronzer et celui de se refaire les biscoteaux, j’ai déjà été bien assez bon de commencer à évacuer – et gracieusement (sans même prendre le temps d’aller déposer une main courante, par exemple au Pôle santé…) – le fumier intellectuel sauvagement abandonné, en date du 11/07/17, par les décodeurs du Monde au beau milieu de la salle à manger. Comme annoncé en Introduction, ne comptez pas sur moi pour balayer toutes les déjections qui restent : mettez-vous au boulot ou évitez l’endroit.

Mais avant d’aller me tremper dans l’eau de Javel pour me désinfecter, j’aperçois encore une fosse à purin que je me propose de curer ; à cause de l’odeur – pour parler comme Chirac –, on va essayer de faire vite. Il s’agit du docte commentaire de notre décodeur sur une récente décision de la Cour de justice de l’Union Européenne (juin 2017) concernant la judiciarisation des complications survenues après vaccination contre l’hépatite B.

L’OMS a émis de sérieuses réserves

Pourquoi l’amour a ses raisons…

Ce n’est pas en lisant le journal de Pierre Bergé qu’on va s’émouvoir de l’intriguant amour qui unit si compulsivement l’OMS et les décodeurs du Monde (cf. plus haut), même si d’aucuns peuvent le juger contre-nature (l’intriguant amour – pas Pierre Bergé, cela va de soi)…

En tout cas, il faut vraiment les yeux de l’amour pour imaginer comme simplement possible une position critique de l’OMS à l’endroit des vaccins contre l’hépatite B, alors que, exactement comme avec le H1N1, cette instance a été l’ardent promoteur – forcément désintéressé – du génial projet de vaccination « universelle » tout au long des années 1990 : rappelez-vous le Viral Hepatitis Prevention Board

Rien ne permet donc aujourd’hui d’établir un lien de cause à effet entre [vaccination et SEP]

Pourquoi il vaut mieux entendre ça qu’être sourd

« Aujourd’hui », certes, vu ce que ça coûterait aux concepteurs et promoteurs du génial projet évoqué ci-dessus. Mais en 1991 – quand Adrien Sénécat n’était pas encore né – c’est bien le fabricant d’Engerix qui a pris l’initiative de demander aux autorités de mentionner le risque de SEP dans la notice du produit.

Et si, dans l’entre temps, le même Adrien Sénécat a eu l’occasion d’apprendre à lire, il pourra vérifier tout seul (un petit effort, allons !) que ce risque est toujours mentionné dans la plupart des notices de ce vaccin dans le monde entier.

Il pourra toujours soutenir – à l’instar de ses donneurs d’ordres – que ça ne veut rien dire, mais il aurait été plus crédible dans ses dénégations s’il avait été mieux informé de l’histoire : mieux informé des « faits », quoi… Et plus crédible, aussi, s’il avait connaissance des procédures réglementaires qui conditionnent la mention d’un tel risque dans le Résumé des Caractéristiques du Produit (c’est-à-dire, en l’espèce, dans la notice Vidal).

Accessoirement, s’avisant enfin du devoir de « vérification » pourtant posé en exergue du site où il sévit, Adrien Sénécat pourrait s’interroger sur la crédibilité de l’étude de Zipp et coll.10 qui a tant contribué à réorienter la jurisprudence française dans une direction tellement plus favorable aux intérêts des fabricants. S’il ne sait pas faire, on pourra toujours l’aider…

Des débats juridiques qui dépassent le cadre scientifique

Pourquoi Macron va finir par rappeler son chef d’état-major en se disant que tout le monde peut péter une durite

Si le décodeur du Monde avait une meilleure connaissance des « faits » auxquels il prétend faire revenir ses lecteurs, il saurait que ce sont les promoteurs de cette vaccination11, ainsi que les avocats des fabricants, qui ont constamment détourné la question scientifique cruciale (y a-t-il un lien de causalité ?) vers une problématique judiciaire, sinon juridique, en soutenant effrontément que si les fabricants étaient condamnés, cela engendrerait une intolérable crise de confiance du public à l’endroit de LA vaccination.

La justice européenne ne s’est pas prononcée sur le fond du dossier

Pourquoi « oculos habent et non videbunt12 »

Tout dépend de ce qu’on appelle le « fond » : personne – à l’exception des fabricants et de leurs avocats (cf. plus haut) – n’aurait eu l’idée incongrue de demander à la justice de se prononcer sur la question scientifique du lien de causalité.

Mais si le « fond » du dossier tient aux conditions d’exonération de la responsabilité des fabricants dans l’apparition de complications vaccinales, notre polygraphe trop pressé n’a manifestement pas pris le temps d’enquêter sérieusement ni sur l’historique, ni sur la dynamique de la jurisprudence française à ce sujet. De la sorte, il n’a pas pu comprendre que la décision européenne était une gifle pour la Cour de cassation qui s’est crispée depuis quinze ans sur des motivations indigentes13, dans le but manifeste de ne pas créer un mouvement d’indemnisation qui n’aurait pas manqué de conduire à la ruine de la société Aventis, vitrine industrielle dont les autorités – toutes tendances politiques confondues – sont tellement fières et qu’elles se sont donné tant de mal à établir.

Ce pourrait être un vrai décodage, digne d’un journal naguère prestigieux, de se lancer dans une véritable investigation concernant un tel scandale, en essayant de comprendre le processus qui a permis :

  • au civil, de garantir une aussi confortable immunité aux responsables d’un drame de santé publique sans précédent à ma connaissance ;
  • au pénal, de cantonner le Pôle santé dans une inertie tellement inconcevable (compte tenu du nombre de preuves disponibles) qu’elle en serait comique si elle n’était tragique.

Conclusion

Tout ça pue : comme annoncé, je vais me doucher.

À l’eau de Javel…

  1. Dans celle qui vient d’être citée, la question des vaccinations est posée comme allant de soi (ça gagne déjà une étape dans la démonstration), avec pour seul problème : « comment restaurer la confiance », c’est-à-dire quasiment mot pour mot, la mission naguère confiée à Madame Hurel, dont les compétences médico-scientifiques sont internationalement reconnues. La brillante anthropologue interviewée par Le Monde poursuit en recommandant que l’école soit associée aux parents pour la promotion des vaccins, soit deux ressources dûment répertoriées comme stratégiques par le marketing pharmaceutique dans la promotion des traitements les plus fous (P. Conrad & MR Bergey. Social Science & Medicine 122 [2014] : 31-43) : c’est quand même ballot de se retrouver, au nom flamboyant de la Science, sur des recommandations édictées à son profit par la pègre médico-pharmaceutique…
  2. À y réfléchir de façon tant soit peu philosophique, on se rend compte que dans l’histoire des tyrannies idéologiques ou religieuses, il y a toujours une caste de gens (monarques, chefs religieux, réformateurs, chefs du Parti, Grands Timoniers…) qui s’attribuent le pouvoir de discriminer entre le Bien et le Mal, entre la Liberté et la Servitude, entre la Vérité ou le Mensonge – même si leurs justifications sont radicalement antagonistes selon le camp qu’ils ont choisi : ainsi et pour les chrétiens du Moyen Age, “la vraie liberté était de servir le Christ” – et, par conséquent, de se soumettre corps et âme à ceux qui s’arrogeaient le droit de parler en son nom (Ph. Buc. Guerre sainte, martyre et terreur, Gallimard, 2017: p. 330.). Ce raisonnement primaire est exactement celui des Décodeurs du Monde qui, nonobstant des CV pas toujours convaincants, s’arrogent le droit de discerner entre la Science et l’Erreur (“Pourquoi c’est faux”) : ainsi et malgré une série de scandales que ces derniers ignorent ou occultent, l’Organisation Mondiale de la Santé, c’est le “retour aux faits”, tandis que moi, c’est “la rumeur”. Il y a juste qu’à la fin, les “experts” de l’OMS gagnent beaucoup plus d’argent que moi… C’est une des escroqueries de l’époque (d’ailleurs hautement défendue par Madame Buzyn): que le meilleur moyen pour gagner de l’argent (beaucoup d’argent), ce serait de prendre le parti de la Science, de la Vérité (et de la rigueur opposée à la rumeur)…
  3. Objectif qui devrait être d’autant plus à la portée des intrépides pêcheurs de « faits » que l’intégralité de mes analyses est disponible sous forme écrite.
  4. Dans une interview parue sur Franceinfo le lendemain (24/07/17) de la présente mise en ligne, Madame Rivasi pose d’emblée et sans la moindre précaution oratoire: “je suis pour LES vaccins”. On ne saurait choisir son camp de façon plus caractérisée, quoique fondamentalement débile (LES vaccins…). Poursuivant sur la même ligne, elle affirme que ce n’est pas aux labos de “décider”, mais au médecin: nous qu’on croyait comme des cons au préalable du consentement informé des candidats à la vaccination (ou de leurs représentants légaux)… De toute façon, il a dû lui échapper que ce ne sont jamais les labos qui vaccinent, mais les médecins – même (et surtout) en cas de réquisition, d’où la question que ne pose pas notre “lanceuse d’alertes”: pourquoi les médecins mettent-ils en oeuvre aussi docilement les “décisions” des labos? C’est à des détails comme ça qu’on mesure la profondeur de réflexion qui prévaut chez nos parlementaires – notamment ceux qui se présentent médiatiquement comme les plus conscientisés. Dans la famille des parlementaires qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, on avait déjà eu Gérard Bapt – grand pourfendeur des lobbies et des conflits d’intérêts – qui avait accepté de présider le Club Hippocrate apparemment sans s’être posé la moindre question sur ce qui pouvait conduire des firmes pharmaceutiques à financer une instance de “réflexion” regroupant des sénateurs et des députés…
  5. En cherchant un peu sur la Toile, on finit par reconstituer, à la louche, qu’il a aux alentours de 25 ans : « à la louche », car – indicateur intéressant de l’organisation cognitive propre à la génération Internet – le gars-là n’a apparemment pas réalisé que l’âge qu’il avait le jour où il a rédigé son CV a forcément évolué à mesure que le temps a passé depuis… Vingt-cinq ou 27 ans, de toute façon, ça fait un peu jeune pour pontifier, avec une telle fréquence et sur une telle variété de thèmes, dans un des principaux quotidiens de notre pays : en son temps, JY Nau devait y passer pour un vieux Sage à côté…
  6. Il suffit de se reporter au désopilant « rapport » sur le médicament signé en 2011 par B. Debré et Ph. Even pour apprécier l’ignorance abyssale de ces deux « prestigieux » auteurs sur le sujet…
  7. Pour la seule rubrique « Décodeurs du Monde »…
  8. Ça rappelle un peu le mode de raisonnement de la Cour de cassation…
  9. Une fois encore, ce procédé de “décodage” est parfaitement répertorié parmi les plus grosses ruses de la rhétorique pseudo-scientifique qu’affectionnent aujourd’hui les commerciaux de l’industrie pharmaceutique: on avance une énormité opportuniste que l’on référence par un petit chiffre, alors que la référence à laquelle renvoie ce petit chiffre n’a rien à voir avec l’assertion qu’elle est supposée documenter.
  10. Nature Medicine. 1999 ; 5(9):964-5.
  11. Calès P, Gastroenterol Clin Biol 2003 ; 27 : 865-867.
  12. “Elles [les idoles] ont des yeux et ne voient pas” (Psaume 115)
  13. Girard M. La défectuosité: vers une réappropriation juridique du fait. Petites Affiches 2006 ; n° 132 : 8-14. Girard M. L’intégrisme causal, avatar de l’inégalité des armes? Recueil Dalloz 2005 ; n° 38/7223 : 2620-1.