L’Éducation nationale, acteur majeur de la propagande vaccinale

RÉSUMÉ – Sous le titre de couverture « Vaccination – Comment hésiter ? », le numéro d’avril 2016 de Valeurs Mutualistes (magazine des adhérents à la puissante Mutuelle Générale de l’Éducation Nationale) a publié un dossier au titre d’une contribution à la Semaine européenne de la vaccination (25-30/04/2016). On trouvera ci-après le texte de la lettre que j’ai adressée au Président, lequel avait tenu à introduire le dossier par un éditorial intitulé « La vaccination, parlons-en ».


Monsieur le Président,

Sous le titre « La vaccination, parlons-en », vous avez signé un éditorial introduisant un dossier intitulé « Vaccination – Comment hésiter ? » (avril 2016), fièrement revendiqué comme la contribution de la MGEN à la Semaine européenne de la vaccination (25-30/04/2016).

Sans entrer dans le détail d’une réfutation dont la lourdeur serait proportionnée à l’amoncellement d’idées reçues auquel se résume cette contribution mutualiste, on remarquera d’emblée que le seul adossement aux « données positives » que vous célébrez (sans la moindre preuve) consiste à caractériser (également sans preuve) les « hésitants » via un lexique qui tient plus de la sophistique que du raisonnement positif : « vision solitaire », « croyances », « brouiller », « méconnues », « controverses », « étrange », « alarmiste », « émotion ». Auriez-vous un peu plus sérieusement étudié les « controverses » dont vous prétendez « parler », vous sauriez que ce lexique de décrédibilisation appartient plus au registre de la propagande qu’à celui du « plus grand sérieux » auquel vous prétendez vous référer.

Mais avant de prendre position avec une telle assertivité dans un débat médico-scientifique qui vous dépasse si manifestement, permettez-moi de regretter – au titre des critères intrinsèques de votre crédibilité – que le journal de la mutuelle que vous présidez ait aussi impunément ignoré l’article L. 4113-13 du Code de la santé publique qui fait obligation à tout professionnel de santé intervenant dans la presse de faire connaître au public « les liens qui l’unissent aux entreprises et établissements produisant ou exploitant des produits de santé » : dans la perspective de « laïcité » que vous célébrez avec une telle bonne conscience, vos lecteurs eussent sans doute été intéressés d’apprendre qu’interrogée comme experte en page 11, Odile Launay a des liens documentables avec des industriels du vaccin aussi anodins que MSD, GSK, Pfizer, Sanofi Pasteur, etc.

Vous adressant à un public d’enseignants, vous auriez pu – dans une perspective plus didactique que déclamatoire – enraciner votre propos dans des exemples qui leur parlent. Ainsi, ayant tous entendu parler du scandale de leurs collègues maintenus en poste malgré des précédents documentés de pédophilie, ils auraient du même coup plus facilement appréhendé un scandale comme celui du vaccin Gardasil : que l’autorisation de mise sur le marché ait été accordée via un relâchement des procédures réglementaires (fast track) au profit d’un fabricant pourtant convaincu d’avoir précédemment trompé toutes les autorités sanitaires internationales avec Vioxx, son produit naguère phare. Une bonne métaphore valant mieux que vos schémas à deux balles pour classes de maternelle (p. 10), on aurait pu leur expliquer que c’était comme si un enseignant de SVT convaincu d’attouchements lors de séances de dissection se voyait muté surveillant des vestiaires où les gamins sont supposés se déshabiller avant les séances de sport…

Enfin, sans entrer dans plus de détail ni vous sommer de fournir les données primaires justifiant l’impact présumé de « l’immunité de groupe », on se contentera de relever que :

  • l’axiome « plus une maladie est contagieuse, plus il faut s’en prémunir » est simplement grotesque au regard de ce qu’on appelait « les maladies bénignes de l’enfance » à l’époque pas si lointaine où l’Éducation nationale n’était pas sous la coupe « d’entreprises et établissements produisant ou exploitant des produits de santé » via des journaux comme Valeurs Mutualistes qui s’assoient sur la loi concernant la transparence dans les liens d’intérêts ;
  • qu’émise sans le moindre essai de quantification comparative, l’idée que « les maladies infectieuses peuvent être mortelles » (p. 11) se relativise du fait que les vaccins aussi – il suffit de renvoyer ceux qui en doutent à la jurisprudence de l’article L 3111-9 du code de la santé publique (visant l’indemnisation des accidents liés aux vaccins obligatoires) ou, simplement, à la littérature internationale ;
  • que la réduction des cas de rougeole de 550 000 en 1963 à 250 en 2014 n’a aucune signification sans un décompte également comparatif des cas graves (s’agissant d’une maladie fondamentalement bénigne) et que, de toute façon, les recensements à ce sujet tiennent surtout d’une vaste rigolade compte tenu : i) des insuffisances connues du système de déclaration obligatoire dans notre pays ; ii) de l’incapacité notoire où se trouvent maintenant la plupart des médecins à simplement poser le diagnostic de la maladie.

À la question introductive de votre dossier – « Vaccination – Comment hésiter ? » – la réponse va désormais de soi : en lisant un dossier comme le vôtre et, circonstance aggravante, en se disant qu’il est destiné à des gens supposés former l’esprit critique de nos enfants…

Croyez, Monsieur le Président, en l’expression de ma considération consternée.

Marc Girard
Conseil en pharmacovigilance et pharmaco-épidémiologie
Chargé d’enseignement à la faculté de droit de Chambéry

Post-Scriptum du 04/06/16

On relèvera comme significatif que plus d’un mois après l’envoi de ce courrier raisonnablement argumenté, son destinataire n’ait pas éprouvé le besoin de la moindre réponse.

Par rapport à la belle exhortation de Jean Zay recommandant que l’école laïque soit “le lieu inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas”, les membres de l’Éducation nationale ne se contentent pas d’y exposer les enfants à des disputes plus que douteuses, telles que celle-ci (pour ne point parler des ABCD de l’égalité, des OGM, de l’énergie nucléaire et autre fariboles du même genre): incapables d’affronter à la loyale les controverses dont ils ont pourtant pris la responsabilité, ils prennent grand soin de verrouiller le débat.

Éducation, vous disiez ?

Post-Scriptum du 24/06/16

La presse de ce jour nous apprend que T. Beaudet, le destinataire de cette lettre restée sans réponse, vient d’être élu président de la Mutualité Française: ça promet…

L’intéressé a commencé son mandat en contestant vertueusement que “les mutuelles participeraient d’une privatisation rampante du système de santé”: à une privatisation peut-être pas, mais à la criminalité médico-pharmaceutique certainement, comme en témoigne l’article de basse propagande qui a justifié la présente réaction. J’avais déjà eu l’occasion de prendre à parti son prédécesseur à la Mutualité Française au même motif exactement, à savoir la bêtise crasse et l’irresponsabilité de sa promotion vaccinale.

Si j’en crois un internaute intervenu sur le site du Figaro, je ne serais pas le seul critique que T. Beaudet n’aurait pas honoré de la moindre réponse: qui veut voyager loin…